Projet bnv
Le projet bnv s’attache, au sein de documents d'époque, aux vestiges des bibliothèques nobiliaires telles qu’elles existaient dans les Alpes italiennes, au Val d'Aoste. En effet, même s’il s'agit d’ensembles de moindre importance comparés à ceux des princes et de nobles de cour, leur composition réfléchit les cadres culturels et intellectuels dans lesquels évoluaient anciennement les familles valdôtaines de premier plan, que ce soit quant à leur statut (droit, diplomatie, armes) ou quant à leur personnalité (histoire, arts, lettres) et à leur spiritualité (théologie, piété). De sorte que si le plaisir du collectionneur et l’effet démonstratif peuvent n’en n’être pas absents, ils n’en constituent pas le principe comme c'est le cas de la Grande Galerie de Charles-Emmanuel Ier de Savoie.
Les informations les plus anciennes dont on dispose sur ces bibliothèques sont comprises dans des inventaires après décès datant des XVe et XVIe siècles, les plus récentes du XIXe. Leurs possesseurs sont soit des grands personnages (René de Challant), soit des personnages d'envergure plus locale (Roncas). Toutes diffèrent, peu ou prou, des grandes collections de l'époque (Malatestiana de Cesena, Inventario Torrini de la bibliothèque de Turin...), et comportent des ouvrages spécifiques, que l'on ne trouve pas forcément ailleurs.
Les documents de première main forment la base du projet. Leur recherche sous toutes leurs formes possibles, archivistiques et bibliothécaires (archives publiques ou privées, notariales, historiques, familiales, documents encore manuscrits ou déjà édités, récits et témoignages contemporains), est donc la préoccupation première.
Elle est aussi première au sens de permanente afin d'obtenir, par extension et confrontation, la transcription paléographique des documents primordiaux la moins lacunaire possible. En effet leur forme manuscrite fait intervenir l'individualisation, par chacun de leurs scribes, de graphies et de systèmes abréviatifs qui ne sont plus les nôtres. De plus, placés dans des circonstances qui n'ont rien à voir avec celles régnant dans les ateliers copistes monastiques, les listes qu'ils établissent sont, par définition, éloignées de nos normes. Pour entrer dans leurs paysages Il est donc nécessaire de recourir à des compléments.
A partir des bribes ou des séquences « récalcitrantes », l’investigation de titres et d’auteurs approchants est menée dans les catalogues en ligne des grandes et moins grandes bibliothèques. Si celle-ci est couronnée de succès, reste alors à déterminer l'édition des ouvrages recensés la plus vraisemblable en fonction des dates, des lieux et des circuits d'approvisionnement.
Désormais numérisées sous forme de bases de données ou de bases textuelles, les listes initiales deviennent des catalogues. Cette métamorphose permet d’une part de rapporter les bibliothèques ainsi reconstituées aux plausibilités historiques, et d’autre part de les soumettre à l’épreuve des analyses statistiques quantitatives (auteurs, thèmes, origines, distances, langues...). Les tables des matières afférentes relevées font, quant à elles, l’objet d’analyses lexicométriques (langue, thèmes, phrases, syntagmes grammaticaux ou sémantiques, mots, séquences de mots, fréquences...).
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Co-auteurs
Giulio Romero Passerin d'Entrèves |
DEA (Master) Histoire EHESS. Enseignant en méthodes informatiques et statistiques pour les Sciences Humaines (Université Paris 1 et Paris 13). Créateur d'AtelHis, l'Atelier de l'Histoire (sites culturels et patrimoniaux). Sous la direction de A. CABANTOUS et A.LESPAGNOL, Les Français, la terre et la mer, XIIIe-XXe siècle, Paris, Fayard |
Paulette Taieb |
Licence (=Maîtrise) de Droit |
Sur le sujet, les co-auteurs |
La Bibliothèque des Challant : Les Savoie sont-ils un modèle culturel pour la noblesse valdôtaine au XVIIème siècle ? |